Le monument de Vimy, élevé
en France, dans l'Artois, commémore les sacrifices canadiens
durant la Première Guerre mondiale, sur le lieu même
de la plus féroce bataille qu'ils ont livrée aux
Allemands durant la Grande Guerre, les 9 et 10 avril 1917, celle
de la crête de Vimy ("Vimy Ridge"). Il a été
bâti, entre 1925 et 1936, en hommage aux 60.000 Canadiens
morts en France entre 1914 et 1918.

Le monument
de Vimy |
Sa reproduction sur le mur de la
Galerie, symbolise la reconnaissance de la France pour le sacrifice
canadien à l'occasion du premier conflit
mondial, et illustre les liens indéfectibles qui lient
les deux pays depuis plusieurs siècles.
La bataille de la crête de Vimy prend place
dans le contexte des offensives lancées pas les Alliés
au printemps 1917, en particulier l'offensive britannique dans
la région d'Arras destinée à épauler
l'action principale, française, plus au sud, sur le "Chemin
des Dames".
Point stratégique, situé à
mi-chemin d'Arras et de Lens, qui permet d'avoir des vues sur
toute la plaine de Douai et qui verrouille toute attaque depuis
Arras au nord-est, sa possession est impérative pour
espérer un succès rapide de l'offensive menée
par les armées du général Haig.
Objectif tactique primordial des Alliés,
la crête est également la pierre angulaire de tout
le secteur défensif allemand, tenu par la 6. Armee. Défendue
par un système fortifié d'une très forte
densité, elle comprend plusieurs lignes de défense
et des points d'appui en abondance, pourvus par la 79. Reserve
Division à Vimy même, et les 1. Bayerische Reserve
Division et 16. Bayerische Infanterie Division des deux côtés
de la crête. En face, la force offensive destinée
à s'en emparer est composée principalement du
Canadian Army Corps (1st, 2nd, 3rd et 4th Infantry Divisions
canadiennes, renforcées de la 13th Infantry Brigade anglaise)
de la Ist British Army, commandé par le général
Byng, soutenu par une artillerie impressionnante (plus d'un
millier de canons de calibres divers, soit une concentration
d'artillerie d'un tube tous les sept mètres environ).
Les 1st et 2nd Infantry Divisions sont chargées de s'emparer
dans leur secteur des quatre lignes de défense allemandes,
codifiées "Noire", "Rouge", "Bleue"
et "Brune", tandis que les 3rd et 4th Infantry Divisions,
qui font face à la crête de Vimy, doivent se contenter
de coiffer la hauteur et de prendre les deux premières
lignes.

Des soldats
du 29th Battalion |
A l'issue d'une préparation minutieuse qui
s'étend sur plusieurs semaines, les unités du
général Byng sont fin prêtes pour l'assaut.
Le 9 avril 1917, à 5.30 du matin, après trois
semaines de bombardements massifs sur les positions allemandes,
les quatre divisions canadiennes s'élancent à
la conquête de la crête de Vimy, derrière
un barrage d'artillerie roulant. En dépit d'un terrain
rendu difficile par la boue, le gel et les obstacles posés
par l'ennemi, défoncé de plus par les entonnoirs
d'obus, et bien qu'ils soient lourdement chargés, les
soldats canadiens progressent rapidement : la première
ligne de défense allemande (la "Ligne Noire")
est conquise, dans les secteurs des 1st, 2nd et 3rd Canadian
Infantry Divisions, en à peine plus de 45 minutes, avec
des pertes faibles et face à une résistance inexistante,
sonnée par la violence du bombardement. Seule la 4th
Canadian Infantry Division, qui attaque la cote 145, point le
plus élevé et le mieux fortifié de la crête
de Vimy, se heurte à des Allemands opiniâtres qui
lui tiennent tête. Tandis que celle-ci s'active à
réduire les poches de résistance rencontrées,
les trois premières poursuivent leur avance vers la deuxième
ligne défensive allemande, la "Ligne Rouge".
Les deux premières divisions du corps d'armée
s'en emparent, dans leur secteur d'assaut, dès 8.00,
tandis que la 3rd est ralentie par des affrontements sur les
pentes de la crête, mais elle arrive à la couronner
sans plus de difficultés vers 9.00, bien qu'elle soit
gênée par les tirs allemands qui viennent du secteur
voisin, celui de la 4th Infantry Division. Pour cette division,
l'offensive est déjà un succès, à
peine quatre heures après son commencement : ses objectifs
ont été atteints, et elle peut désormais
se fortifier sur place et soutenir ses voisines.
Pendant que ces trois divisions continuent leur
progression sans accroc, la 4th Infantry Division est durement
engagée par les défenseurs de la cote 145. Si,
sur son flanc droit, la 11th Brigade de la division mène
une attaque réussie et s'empare des éléments
de tranchée qui lui faisaient face, les Allemands, à
l'abri de leur réseau de tranchées, moins touché
par les bombardements dans ce secteur, brisent l'attaque du
flanc gauche de la brigade et infligent aux bataillons d'assaut
de lourdes pertes, les obligeant à la retraite. Durant
toute la matinée, les combats se poursuivent pour la
possession de ces quelques tranchées et points d'appui
qui bloquent l'avance canadienne. Ce n'est qu'à 13.00
que la 11th Infantry Brigade parvient à réduire
la résistance allemande et à commencer la pénétration
de la seconde ligne allemande, qui défend le sommet de
la cote 145 et interdit l'accès des pentes est de la
colline. La 12th Brigade de la division, quant à elle,
après des débuts encourageants qui lui permettent
de s'emparer très rapidement de la première ligne
de défense allemande, subit un feu d'enfer venu de son
flanc gauche et est arrêtée sur les positions qu'elle
a conquise. Dans ce secteur donc, les délais ne sont
pas tenus et les objectifs pas atteints en raison de la grande
pugnacité des combattants allemands et de la qualité
de leurs fortifications, qui ont pour beaucoup résisté
à l'ouragan de feu allié.

Des soldats canadiens observent le village
de Vimy en ruines |
Alors que la 4th Infantry Division se heurte à
ces difficultés, les 1st et 2nd Infantry Divisions relancent
leur offensive après une pause d'une heure et demie destinée
à reposer les hommes et à reformer les unités
désorganisées par leur assaut. Reprenant leur
progression à 9.30, elles ne font face qu'à une
réaction ennemie sporadique, et en dehors de certains
points très localisés, progressent sans problème
vers leur troisième objectif, la "Ligne Bleue".
Elles s'en emparent peu après 11.00. Elles s'élancent
vers 12.30 sur la quatrième et dernière ligne
défensive allemande, la "Ligne Brune", qui
est prise, après des combats intenses, vers 14.45. Les
1st et 2nd Infantry Divisions canadiennes ont donc atteint leurs
objectifs dans le temps prescrit : en à peine plus de
neuf heures, elles ont réussi à coiffer les quatre
lignes de défense allemandes au prix de pertes relativement
modestes compte tenu des standards habituels de l'époque.
Bien qu'affaiblies par les combats, elles vont pouvoir s'attacher
à renforcer leurs positions en vue d'une poursuite éventuelle
de l'offensive.
Il ne reste plus aux Canadiens, sur leur aile droite,
qu'à s'emparer enfin de la cote 145, dont les pentes
est sont toujours en mains allemandes. A 18.00, il est décidé
de renforcer les 11th et 12th Brigades de la 4th Infantry Division,
très affaiblies par les durs combats qu'elles ont livrés,
avec la 10th Brigade. Celle-ci n'est en place que le 10 avril
à 15.15. Après une préparation d'artillerie,
ses hommes dévalent la pente est depuis le sommet de
la cote 145, en mains canadiennes depuis la veille. La résistance
allemande, bien que toujours aussi rude, s'effrite et ne peut
s'opposer aux unités fraîches injectées
dans la bataille par le commandement canadien. Ils sont finalement
contraints à la retraite : la cote 145 est enfin tombée,
tandis que la "Ligne Rouge" est atteinte dans la foulée.
L'attaque du Canadian Army Corps est donc un franc
succès. Il a progressé, sur un front large de
6.500 mètres, jusqu'à 3.500 mètres de profondeur.
Il s'est emparé de la crête de Vimy, ôtant
à l'ennemi ce point clef de son dispositif défensif
et découvrant la plaine de Douai pour une prochaine offensive
alliée. Les pertes ont cependant été lourdes,
puisque 2.967 Canadiens ont payé cette victoire de leur
vie, en plus des 4.740 blessés ou disparus (plus 380
tués, blessés ou disparus à la 13th Infantry
Brigade anglaise). En face, les trois divisions qui composaient
le cœur de la défense allemande ont été
saignées à blanc, et les Canadiens dénombrent
plus de 3.400 prisonniers.
Cette victoire est importante
à plusieurs titres : elle est le fait des seules troupes
canadiennes opérant sous commandement canadien ; elle
a lieu à un endroit où même des troupes
d'élite françaises avaient échoué
les années précédentes, ancrant dans l'esprit
du commandement allié la qualité du combattant
canadien ; elle ouvre des perspectives au commandement britannique,
qui peut désormais planifier ses plans offensifs vers
Lens et Douai sans avoir à se soucier de leurs flancs,
exposés auparavant aux vues de l'ennemi et à ses
contre-attaques depuis cette crête.
© Ambassade de France
au Canada